11.12.13

ça vient fou

c’est ça, dans le fond. je me prépare pour la partance en me lavant pas pendant deux jours. aujourd’hui que c’était supposé se passer, la douche. mais y’a un camion qui est passé en criant dans la rue et après l’eau a été coupée.

j’avais juste eu le temps de me préparer un café.

25.11.13

« cette passion du signifiant dès lors devient une dimension nouvelle de la condition humaine en tant que ce n’est pas seulement l’homme qui parle, mais que dans l’homme et par l’homme ça parle, que sa nature devient tissée par des effets où se retrouvent la structure du langage dont il devient la matière, et que par là résonne en lui, au-delà de tout ce qu’a pu concevoir la psychologie des idées, la relation de la parole. »

« ça parle dans l’Autre, disons-nous, en désignant par l’Autre le lieu même qu’évoque le recours à la parole dans toute relation où il intervient. si ça parle dans l’Autre, que le sujet l’entende ou non de son oreille, c’est que c’est là que le sujet, par une antériorité logique à tout éveil du signifié, trouve sa place signifiante. la découverte de ce qu’il articule à cette place, c’est-à-dire dans l’inconscient, nous permet de saisir au prix de quelle division (spaltung) il s’est ainsi constitué. »

Jacques Lacan, « La signification du phallus », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p.688-689.

24.11.13

un enfant d'été

nous recevons ces jours-ci de bonnes nouvelles, comme la promesse d’une naissance à venir. ce serait un enfant d’été, issu d’espoirs partagés.

13.11.13

souvenir d'enfance II

ma mère avait fait venir ce jour-là un homme à la maison.

il venait pour découper un trou dans le mur entre la cuisine et le salon. pour la lumière, disait ma mère.

j’étais sortie de la maison en trombe, pour me laisser tomber, en pleurs, dans l’herbe verte.

à l’écoute de la scie en marche, un attentat à l’endroit même de mon corps.

8.11.13

au creux de mon ventre

j’ai en moi il me semble un enfant à louer. il cherche, assis au creux de mon ventre, à recevoir les mots qui apaiseraient son ego.

je vois cet homme qui parle à une étudiante à la voix chantante.

l’enfant fait des nœuds dans mon ventre et me pousse à quitter la classe.

un vaste champ sauvage

je reste assise en silence me balançant d’un côté à l’autre, le regard fixant un point dans l’espace, laissant défiler des pensées sans mots, sans prégnance.

j’aspire doucement la fumée, expire longuement.

normalement on en sort avec le mot cherché : une fleur. ici il faudrait que ce soit un bouquet, une roseraie, un vaste champ sauvage.

l'île

le voyage approche. nous avons trouvé des billets à petit prix. les acheter, à coup sûr, c’est partir ; revenir un jour, mais surtout partir.

ce soir-là, nous nous amusions à faire défiler sur l’écran des histoires possibles. j’ai pensé nous pourrions aller marcher sur la terre de mes racines. mais nous regardions grimper les prix avec, il faut le dire, un brin de tristesse dans le sourire.

je pense souvent à ma valise. à ce que je mettrai dedans. peu de vêtements, beaucoup de livres.

19.10.13

celle

à partir de ce que j’ai lu d’elle ou de ce que des gens en ont dit, j’ai retenu des titres qui, dans la lignée d’une question que j’essaie de développer, de préciser, m’apparaissent incontournables.

j’en suis encore à tirer les fils d’une poétique qui me fascine de plus en plus. ses écrits me semblent si riches, si finement liés les uns aux autres qu’il est pour moi impensable de ne la lire qu’à moitié.

il me faut donc prendre le temps de la lire, de la relire.

15.10.13

dire

il me l’a dit quand je suis entrée dans son bureau : tu donnes peu.

j’ai souri et baissé les yeux.

je ne sais pourquoi la réserve est apparue dans mon écriture. quelque chose, souvent, m’empêche de penser. (je nommerais ça la peur. je nommerais ça le manque de confiance. ou plutôt : la lâcheté.)

hier, alors que, comme un scénario mille fois répété, je soupirais de découragement en m’allongeant sur le divan, S. a dit : « il va falloir que tu te fasses confiance, sinon tu vas toujours finir échouée sur le divan. »

je me suis endormie en pensant à cette phrase.

le silence, l’endormissement, A. dit que c’est la violence. ce qui se joue là, délié, est l’absence d’une présence située au-delà du principe de plaisir.


*

je suis petite, nue, recroquevillée sur ta poitrine. la réserve dans mon corps aussi.

8.10.13

identités

cette fois, j’ai perdu la perle et je crois que je ne la retrouverai pas. mon foulard, mes cheveux, désertés.

il y a des odeurs sur mon corps que je ne reconnais pas. des odeurs de gens humides soufflant sous un toit de transport aux fenêtres ruisselant de pluie.

j'ai toujours peur que mon odeur dérange, qu'elle se déverse sur les autres comme quelque chose d'inopportun.

la valse aux bonjours

il y avait au croisement de ces rues un brigadier qui saluait chacun des passants accrochés pour un temps au rouge des arrêts. le matin, quand on ne voulait rien savoir, quand on traînait les pieds jusqu'à l'arrêt d'autobus en maugréant, il y avait ce petit bonhomme-là qui nous accueillait avec un grand sourire, nous parlait de la pluie et du beau temps, nous faisait relativiser en maudit notre petit calvaire de vie. ce brigadier-là a dû voir un tas d'airs bêtes défiler, mais quand quelqu'un lui rendait son sourire, quand quelqu'un sortait de son silence obstiné pour le saluer en retour, il me semble qu'un événement important avait lieu.

le quotidien de ce jour-là

quand j’ai entendu jimmy hunt dire qu’il avait abandonné son harmonica pour un synthétiseur, ça m’a fait un pincement au cœur.

30.9.13

souvenir d'enfance

je me tiens debout dans la chambre de mon petit-frère. je regarde par la fenêtre les enfants (mon grand-frère, ses amis) jouer dans la rue. dans mes mains, une boîte à musique, sa berceuse tranquille. quelque chose me rend triste, car je pleure doucement, en secret. je pense être seule au deuxième étage de la maison.

G. entre en silence dans la chambre, me surprend.

j’échappe en sursautant la boîte à musique sur le sol. le verre se fracasse contre le plancher. l’eau contenue dans le globe se répand sous mes pieds.

c’était ma boîte à musique préférée.

rouge à la mémoire

femmes auteurs, oui, ce pourrait être une avenue intéressante. ces jours-ci c’est la formule préférée du professeur, à la recherche de ce qui pourrait être une vérité sur l’oubli, sur le langage. j’en suis encore à rédiger une ébauche de projet, qui pour l’instant n’est qu’impressions intangibles.