je rêve souvent à mes
maisons perdues. je me tiens dedans – une surtout, la première ; je l’habite clandestinement.
parfois j’entends le son d’une portière de voiture qu’on ferme, et je cherche dans l’urgence une manière de sortir de la maison sans me faire prendre par ses nouveaux occupants.
toujours la menace de leur retour imminent.
le rêve commence et je suis là, et je sais qu’il me faudra tôt ou tard quitter cet endroit, que je ne suis pas en droit d’y être. mais je reste. je profite de ce que la maison soit vide, désertée, pour l’habiter, pour l’investir de ma mémoire : pour y faire vivre le souvenir de ma mère et de mes frères, pour nous rappeler, tous, dans le réel.
la nuit, j’assure la pérennité de l’histoire de ma famille. la nuit, je me souviens.
parfois j’entends le son d’une portière de voiture qu’on ferme, et je cherche dans l’urgence une manière de sortir de la maison sans me faire prendre par ses nouveaux occupants.
toujours la menace de leur retour imminent.
le rêve commence et je suis là, et je sais qu’il me faudra tôt ou tard quitter cet endroit, que je ne suis pas en droit d’y être. mais je reste. je profite de ce que la maison soit vide, désertée, pour l’habiter, pour l’investir de ma mémoire : pour y faire vivre le souvenir de ma mère et de mes frères, pour nous rappeler, tous, dans le réel.
la nuit, j’assure la pérennité de l’histoire de ma famille. la nuit, je me souviens.
(image : page couverture d'On ne rentre jamais à la maison, de Stéfani Meunier.)