17.11.14

Lidia

on perd facilement l’habitude d’écrire. j’aurais aimé dire ces jours-là. la robe mauve à emporter dans la terre. le corps endormi dans un cocon rose. l’église grandiose et belle. la cérémonie méritée. le son lent des cloches. en l’honneur de cette grande dame de ma chair, de ma langue, de mon pays.

la tristesse immense éprouvée là, puis subitement, en des moments inopportuns du quotidien d’après. une peine vieille comme le monde, vieille comme la vie, portant en elle le mystère de sa filiation.


*

ce soir-là où, blottis dans la chaleur des plumes, je prononce à mi-voix ma peine. le silence qui règne alors, tandis qu’il récolte une à une les larmes dans le creux de son cou. quelques secondes avant d’entendre, d’abord discrètement, puis de plus en plus distinctement, le son d’un grelot qu’on agite.

le chat apparaissait avec le grelot dans sa gueule ; il était monté sur une tablette haut perchée du bureau, était allé le recueillir sur la photo de Cloé, pour ensuite venir nous trouver.

aux funérailles de l’enfant, on avait remis à chacun un grelot, disant qu’il nous suffirait de l’agiter pour entendre Cloé rire.

je m’explique encore mal pourquoi le chat a choisi ce moment pour agir de la sorte. lui qui n’avait jamais fait ça, ne l’a plus jamais refait non plus. mais j’aime à penser que c’est elle, Cloé, qui est venue nous transmettre un peu de sa force, de sa lumière et de sa joie.