7.3.14

« je suis l’amie de tous les mexicains. je pourrais déclarer que je suis la mère de la poésie mexicaine, mais c’est mieux que je ne le dise pas. je connais tous les poètes et tous les poètes me connaissent. je pourrais donc le dire. je pourrais affirmer : je suis la mère et il y a un foutu zéphyr qui court depuis des siècles, mais c’est mieux que je ne le dise pas. je pourrais dire, par exemple : j’ai connu Arturito Belano quand il avait dix-sept ans et c’était un enfant timide qui écrivait du théâtre et de la poésie et qui ne savait pas boire, mais ce serait d’une certaine manière une redondance et on m’a enseigné (on m’a appris avec un fouet, avec une baguette en fer) que les redondances sont de trop et qu’il faut s’en tenir à l’argument. »

Roberto Bolaño, Amuleto, Montréal, Les Allusifs, 2002, p.9.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire