13.3.14

l'objet manqué

et que tes cheveux se débrochent
en motocross
comme des vagues
(j.h.)

il y a des jours où l’envie de fumer m’obsède tant qu’on me croirait personnage de fiction. je pense à ces femmes belles et longues qui déambulent dans les rues ou flottent sur les terrasses des cafés, tournant subtilement la tête pour laisser s’échapper la fumée. ces femmes qui lisent, réfléchissent, se reposent au soleil. et fument. tranquillement.

la personne assise à quelques tables de la mienne se racle la gorge. je tourne la tête, perçois l’odeur de sa cigarette. c’est là, dans cet instant d’impossible nausée, que la fiction ne peut plus continuer.

c’est là que mon délire prend conscience de son délire et que je ne me lève pas, au final, pour demander une cigarette à la personne qui fume à côté de moi.

et pourtant, le désir demeure.

7.3.14

« je suis l’amie de tous les mexicains. je pourrais déclarer que je suis la mère de la poésie mexicaine, mais c’est mieux que je ne le dise pas. je connais tous les poètes et tous les poètes me connaissent. je pourrais donc le dire. je pourrais affirmer : je suis la mère et il y a un foutu zéphyr qui court depuis des siècles, mais c’est mieux que je ne le dise pas. je pourrais dire, par exemple : j’ai connu Arturito Belano quand il avait dix-sept ans et c’était un enfant timide qui écrivait du théâtre et de la poésie et qui ne savait pas boire, mais ce serait d’une certaine manière une redondance et on m’a enseigné (on m’a appris avec un fouet, avec une baguette en fer) que les redondances sont de trop et qu’il faut s’en tenir à l’argument. »

Roberto Bolaño, Amuleto, Montréal, Les Allusifs, 2002, p.9.

la fille d'une mère

tandis que ça parle autour de moi dans cette langue qui m’a un jour entamée, puis s’en est allée se faire oublier dans ce lieu inconnu de la façon que j’ai depuis d’appréhender le monde (et de le nommer),

je réapprends à être.

à être la fille de ma mère.

les enfants se jettent dans la phrase

ces mots à elle manquent aussi. je relis les notes du séminaire pour la faire vivre ici.

mettons-nous à l’école de la folie et nous apprendrons beaucoup de choses sur nos propres processus psychiques.

le réel, ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire.

1.3.14

horizons

ces rêves où les vagues tombent et emportent
comme cette nuit où la peur me tire du sommeil


*

encore cette vague qui menace de s’écraser

je la vois gonfler à l’horizon
suis figée sur la plage
enracinée dans mon corps
trop petit